La famille Seydoux
La dynastie patronale fondée par Auguste et Charles Seydoux au début du XIXe siècle, a développé l’industrie textile lainière (filature et tissage) au Cateau-Cambrésis en dominant l’histoire de la ville sur les plans économique, politique et social.
Les fondateurs:
Auguste Seydoux (1801-1878) et son frère aîné Charles (1796-1875), protestants d’origine suisse, arrivent au Cateau-Cambrésis en 1824 pour seconder Jacques Paturle dans la manufacture textile qu’il a créée.
Auguste, bon technicien et remarquable organisateur, dirige l’usine à partir de 1848. Il est également maire de la ville (1852-1870) qu’il modernise considérablement. Il épouse la Catésienne Anne Ponsin, catholique, qui soutient son action efficacement et qui à sa mort offre la distribution d’eau potable au Cateau.
Charles, qui veille aux finances de l’entreprise, a une carrière politique (conseiller général et député). Il a aussi une action sociale en fondant l’hospice Saint-Charles.
Les deux frères ont eu une importante action au sein de l’église réformée.
La fortune des Seydoux:
Charles Seydoux (1827-1896), deuxième du nom, est le fils d’Auguste. Il seconde efficacement son père dans l’usine, et quand ce dernier se retire en 1871, il prend sa succession. Il mène une brillante carrière politique: conseiller général de 1877 à 1896, il devient en 1880 vice-président du conseil général et président en 1892. Ce républicain libéral assume par ailleurs de nombreuses responsabilités dans le commerce et l’industrie.
Pour lui fut construit en 1856 le château du mérinos, belle demeure située sur les hauteurs boisées dominant l’usine.
En 1896, ses funérailles solennelles rassemblent toute la ville à un moment où son essor économique atteint un sommet.
Une dynastie patronale:
La famille Seydoux cultive les valeurs morales et familiales. Au fil des générations, ses membres assument leurs responsabilités. Blanche Renard, épouse de Charles Seydoux II, y veille : mère de huit enfants, elle fonde la « société maternelle » (1873) pour aider les jeunes mères ouvrières.
Trois de ses fils ont une action importante :
Alfred (1862-1911) est entre autres régent de la Banque de France (1893) ;
Albert (1866-1918) est élu député en 1910 et en 1914 ;
André (1871-1927), délégué de la Croix Rouge en 1914-1918 assure la reconstruction de l’usine après la guerre.
La domination de la famille Seydoux se poursuit jusqu’en 1936, date à laquelle les syndicats ouvriers du Cateau la contestent. Henri Seydoux (1900-1965) et sa famille quittent le château. Michel Seydoux est le dernier à partir du Cateau en 1971.
Plusieurs branches de la famille Seydoux se sont illustrées dans la diplomatie et la finance. Actuellement, les Seydoux figurent en bonne place parmi les grandes fortunes de France.
Les établissements Seydoux:
Situés au cœur de la ville, à proximité de la rivière La Selle (le lavage de la laine nécessitait beaucoup d’eau), les Ets Seydoux ont eu une emprise très importante.
À la fin du XIXe siècle, d’énormes bâtiments sont construits pour la filature et le tissage qui utilisaient des métiers de taille imposante et employaient des milliers d’ouvriers. Démantelée par les Allemands en 1914-1918 et détruite par les bombardements d’octobre 1918, l’usine est reconstruite en 1921.
Comme l’industrie textile régionale, les Ets Seydoux ont subi un déclin au XXe siècle : la fermeture définitive a lieu en 1981. En 1985, la friche industrielle est reprise par la ville et détruite, sauf certains bâtiments.
Le souvenir des Seydoux:
De l’énorme friche industrielle, sont restés l’ancien magasin de laine devenu le palais des sports et les bureaux reconvertis en logements. L’avenir d’autres bâtiments est plus incertain.
Le château familial entouré d’un beau parc est devenu Institut médico-éducatif.
Plusieurs bâtiments ont été conservés :
- Une partie de l’asile Saint-Charles rue du Mal Mortier reconvertie en logements, et l’ancien asile pour enfants devenu local d’un club du 3e âge ;
- L’école maternelle Seydoux ;
- Les abattoirs (haras nationaux) et la gendarmerie (école Saint-Joseph), construits par l’architecte valenciennois Casimir Pétiaux sous le mandat d’Auguste Seydoux ;
- La fontaine offerte par la ville en témoignage de reconnaissance, détruite dans les années 50 et reconstruite à l’identique en 2004 ;
- Devant le centre hospitalier Paturle, la statue de Charles Seydoux (II) ;
- Dans le cimetière de la ville, une importante chapelle de la famille Seydoux.
Trois rues du Cateau portent encore le nom des Seydoux : la rue Auguste Seydoux, la rue Charles Seydoux et la rue du Cdt Albert Seydoux.
Texte: Christiane Bouvart (2005).
De 1824 à 1971