Barbari
Autrefois, refusant d'utiliser des armes meurtrières, Solesmois et Solesmoises remplirent leurs baquets d'eau claire et arrosèrent les intrus à l'aide de seringues, cette résistance entra dans la légende...
Solesmes
Barbari, le Seringueux(1953)
Le Solesmois « homme libre et rebelle à l’esclavage », célèbre le carnaval comme le firent ses ancêtres, attachés aux coutumes. Parmi elles, celle de la « seringue » fait revivre un épisode de l’histoire locale en ce chef-lieu de canton du Cambrésis. Sa source, si l’on peut dire, se situe dans un ruisseau, le Béart, qui naît et meurt à Solesmes, en se jetant dans la Selle, un affluent de l’Escaut.
Au temps jadis, un seigneur, répondant à la demande des moines d’une abbaye, envoya ses gens d’armes pour ravir des terres et détourner la rivière du Béart. Refusant d’utiliser des armes meurtrières, Solesmois et Solesmoises remplirent leurs baquets d’eau claire et arrosèrent les intrus à l’aide de seringues, que l’on imagine être des poires à lavement pour bestiaux. Cette résistance entra dans la légende. Au Carnaval, le Lundi et Mardi gras, les Solesmois prirent l’habitude de se promener en ville, travestis et masqués, brandissant leurs seringues, d’une contenance d’environ deux litres, pour arroser les uns et les autres. On tenta en vain d’interdire cette pratique qui ne pouvait pas évidemment plaire à tout le monde, surtout aux « arrosés » ! La coutume fut interdite en 1908 mais l’année suivante les seringueux redoublèrent d’activité pour ridiculiser l’interdiction qui resta lettre morte. En 1953, la tradition est encore mieux exprimée par la confection d’un géant de cinq mètres, Barbari. Pesant environ 450 kilos et, il se déplace sur une plate-forme tractée à la main. Entouré de ses seringueux, le géant, masqué d’un loup noir, tient à deux mains un clystère usiné de sa taille. Il est vêtu d’un pantalon bleu, haut de trois mètres, tenu par une ceinture rouge, et d’une chemise blanche. Barbari sort généralement durant les fêtes du carnaval et au défilé de l’Ascension. Les compositeurs lui ont troussé quelques hymnes, parfois en patois : "L’Cainchon d’Barbari", " La légende des Seringueux, "La Marche des Seringueux". Nullement casanier, Barbari voyage volontiers avec son groupe, se déplaçant en différentes régions de France, passant même les frontières. Pour lui éviter d’être accroché et détérioré par les fils acariens et par les banderoles, Barbari est doté d’un ingénieux système qui le fait basculer en arrière lors des passages délicats.
* Sortie de Barbari lors du Carnaval de l'Ascension à Solesmes.
Solesmes
"Seringueux"